La « cité-jardin de la Benauge » soit la La cité Pinçon la cité Blanche 1948 - - Bordeaux rive droite


La cité Pinçon et sa voisine, la cité Blanche, constituent la cité de la Benauge (ou, plus poétiquement, la « cité-jardin de la Benauge »), qui comprend actuellement près de 1 200 logements. Jusqu'aux années 50, cette zone alors marécageuse appartenait à un certain Jules Pinçon, d'où le nom donné aux premières constructions, c'est-à-dire ces deux buildings de dix étages, et six autres bâtiments à cinq étages.  



Ce programme immobilier avait été lancé par la ville afin d'héberger une population urbaine en croissance rapide dans les années d'après-guerre. Ce nouveau quartier a également été doté de nouvelles écoles, une rue commerçante, différents services de proximité, une salle de sport et une piscine. Au milieu des immeubles, un parc a été réalisé pour permettre aux enfants de se défouler avec comme repères notables « le Bassin d'Arcachon », bassin dont la forme rappelait celle d'Arcachon, ou encore « le Rond des Mamans », lieu de rendez-vous incontournable des mamans du quartier et leurs enfants. 


La municipalité n'était pas peu fière de cette nouvelle cité quasi-autonome et a accueilli de nombreux visiteurs VIP, qui avaient l'intention de s'appuyer sur ces grands principes pour d'autres programmes. L'exemple le plus parlant est celui du leader de l'Union Soviétique, Nikita Khrouchtchev, qui a découvert le quartier le 26 mars 1960. Et aujourd'hui la cité de la Benauge garde encore ce visage de vision utopique et futuriste des années 1950.   



Au cours des 60 ans de son existence, la cité a indéniablement développé son propre caractère en tant que quartier à part qui reste peu connu de la plupart des Bordelais, et un quartier cher à ceux qui y ont grandi, y vivent et n'ont aucunement l'intention de partir. Il y a néanmoins des exceptions : un résident qui est bien parti de la Benauge est le regretté Daniel Balavoine, qui y a passé quelques années de son enfance (son père aurait travaillé à la Cité Administrative) avant de devenir le célèbre auteur-compositeur-interprète que l'on connaît.


Le plan-masse de la cité est réalisé en 1948 par Jean Royer, urbaniste-conseil de la ville, assisté par Claude Leloup et Paul Volette. L'originalité du projet est dans la conception d'une "ville verte" (un concept de Le Corbusier) formée de plusieurs immeubles autour d'un vaste jardin public. La circulation automobile est rejetée à la périphérie de la cité.


Dix immeubles, soit 192 appartements, sont construits par Paul Volette de 1948 à 1950. Ce sont des blocs identiques de cinq niveaux, en pierre de taille, avec un rez-de-chaussée à bossages rustiques et un toit de tuiles à quatre pentes. La façade ouest s'arrondit et s'ouvre de loggias rythmées par d'épais piliers carrés. La "modernité tempérée" de Paul Volette, avec ses accents Art Déco, rappelle le "juste milieu" de l'architecture bordelaise des années vingt. 





Dès 1950, le ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme juge trop faible la densité des logements et impose son architecte, le parisien Prix de Rome Jacques Carlu, pour achever le programme. Apparaissent alors, pour la première fois dans le paysage bordelais, deux bâtiments de dix étages. La pierre de taille est abandonnée au profit de la structure en béton armé avec remplissage de pouzzolane. 


Sur les deux grands immeubles aux façades blanches les baies s'étirent en longs bandeaux, une horizontalité brisée par les séries verticales de balcons superposés. Le toit terrasse a remplacé le toit de tuile et l'accède aux appartements se fait par un ascenseur. Au rez-de-chaussée, de larges passages permettent la traversée des bâtiments.




La Benauge est aussi tournée vers des équipements de qualité. Sur l'axe formé par le jardin public, Pierre Mathieu et Roger Tagini construisent, au nord, une école, tandis qu'au sud, Jacques Carlu édifie la salle des fêtes et le foyer sportif dans une mise en scène qui rappelle l'ordre du palais de Chaillot. Prévue dans le plan de Jean Royer, la piscine ne sera construite qu'en 1965 par Jacques Gérard, André Chassin et Jean-Claude Perrot. Ses qualités esthétiques tiennent surtout à l'importance des surfaces vitrées et à la courbe, semblable à une vague, de sa couverture fixée sur des fermes en lamellé collé.



carte postale - vue aérienne de la cité de la Benauge


Carte postale - vue générale de la cité de la Benauge

Carte postale - Cité de la Benauge